Page 2 - Armes et bagages
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S’il est une société synonyme
de dépaysement, voyages, nouveaux
horizons, il s’agit bien de l’armée. En
déplacement continuel depuis la nuit des
temps, que ce soit pour défendre le pays
d’une frontière à l’autre ou conquérir de
nouveaux territoires, l’homme a rendu
le soldat mobile. Les affiches des troupes
coloniales en sont une belle évocation
haute en couleurs. Les missions d’assis-
tance aux populations, de mise en œuvre
d’accords de coopération militaire ou la
création du droit d’ingérence ont démulti-
plié ce que le militaire nomme désormais
opérations extérieures (OPEX), opérations
intérieures (OPINT) ou missions de courtes
durées (MCD). Bref le soldat est nomade.
Or un de ses principaux vecteurs de déplacement est ce que les
américains surnommaient durant la Seconde Guerre mondiale : « pedestrian
problem ». Pour traduire simplement : les pieds. Si certains climats ou configu-
rations géographiques permettent d’évoluer nu pied, l’homme a rapidement su
imaginer des solutions pour protéger son meilleur moyen de locomotion. De la
simple peau entourant le pied, il est passé aux chaussures confortables, étanches,
légères et populaires. Grolle, galoche, brodequin, riboui, godasse, godillot,
soulier, sabot, espadrille, rangers,… ses noms varient en fonction de sa
qualité, de sa forme, de son usage.
Armes et bagages ne pouvaient tenir entièrement sur un homme parti
de son foyer, de sa caserne de plus en plus longtemps. Il lui fallut donc des
caisses, des boites pour contenir voire protéger ce qui ne pouvait être porté en
permanence. Il créa donc des emballages pour ses bien précieux que sont ses
coiffes les plus fragiles ou celles d’apparat. Multiforme, de matériaux variés
et à la qualité variable, le meuble de transport le plus populaire a été et est
encore la cantine. Personnelle ou collective, elle est accompagnée des
contenants spécifiques à chaque matériel.
A pied, à cheval, en avion, en bateau ou en véhicules motorisés
terrestres, le soldat voyage en permanence, parcourant autant le territoire
national que le reste du monde. La colonisation mais aussi les conflits ont
développé cette tradition pluriséculaire. Son équipement l’accompagne en
permanence, plus ou moins fourni. Mais il revient toujours plus riche :
souvenirs immatériels gravés pour toujours dans son esprit et qu’il ne livre
qu’avec parcimonie au travers de ses lettres ou de ses mémoires ; objets qui
formeront un patrimoine vivant exempt de fossilisation.
Capitaine Anthony LEROUX
Conservateur du Musée du Sous-Officier