Page 6 - Expo Rouge et Bleu
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Le duo bleu foncé

                   rouge garance,

                   symbole de la France

                        Cependant, à la fin du XIX  siècle et au début du XX  siècle, alors
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                                                                     e
                   que les pays Européens passent à des couleurs moins voyantes – le
                   Royaume-Uni passe au kaki, l’Allemagne, l’Italie et la Russie au gris-
                   vert, les Austro-Hongrois passent quant à eux à la couleur gris-bleu –
                   les Français conservent le célèbre duo pantalon garance et capote
                   bleu foncé jusqu’en 1915.
                        En effet, l’apparition en 1884 de la poudre sans fumée transforme
                   la perception du champ de bataille. De plus, la situation géopolitique
                   et les alliances entre grandes puissances font que des généraux
                   et des ministres de la Guerre tentent de réformer cet uniforme aux
                   couleurs trop voyantes. Les couleurs choisies sont le gris-beige qui
                   se rapproche de loin au bleu horizon mais sans succès. Puis, vient
                   la tenue dite « réséda » qui est de couleur gris-vert. En effet, Gustave
                   Babin résume dans la revue l’Illustration l’objectif qui est de « diminuer
                   le plus possible la visibilité des troupes sur le terrain de combat. Ils [les
                   techniciens] se sont appliqués à chercher une teinte qui se confondit
                   le plus complètement avec les nuances générales de nos campagnes,
                   et ils se sont arrêtés à un ton gris-vert… ».  Peine perdue. En 1911, le
                   parlementaire Étienne Clémentel, rapporteur du budget de la Guerre,
                   déclare : « Faire disparaître tout ce qui est couleur, tout ce qui donne
                   au soldat son aspect gai, entraînant, rechercher des nuances ternes
                   et effacées, c’est aller à la fois contre le goût français et contre les
                   exigences de la fonction militaire. Le pantalon rouge a quelque chose
                   de national […]. Le pantalon rouge, c’est la France. » Le ministre
                   de  la Guerre Maurice  Berteaux,  porteur  de  cette  réforme  meurt le
                   21 mai 1911. Son successeur, Adolphe Messimy, poursuit cette idée
                   de réforme mais doit céder face à ses détracteurs parmi lesquels se
                   trouvent deux peintres de guerre, Georges Scott et Édouard Détaille.
                   Ces derniers idéalisent l’éclat des uniformes du Second Empire. Leurs
                   critiques acerbes entraînent dans la tombe la tenue « réséda ».







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