Page 20 - Force Noire
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            D Douaumont, 1916
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            Aux lendemains de la reprise de Douaumont, ce tirailleur est photographié alors qu'il descend du fort conquis.
            " Un jour, sur le front, je voyais passer comme ça, de loin, une troupe de gens avec un homme à cheval qui tournait autour d'eux. Je demande ce que c'est. On me répond
            qu'on n'en sait rien. Alors, avec ma voiture j'y vais. C'étaient des Noirs qui revenaient des tranchées, où on les avait laissés dix-huit jours ! Vous devinez ce que ça
            pouvait être ! Des blocs de boue ! Ils revenaient avec des fusils cassés, des vêtements en loques… magnifiques ! Et quand ils m'ont vu, ils se sont mis à jouer La
            Marseillaise, avec je ne sais quoi, en tapant sur des morceaux de bois, des pierres. Je leur ai parlé. J'ignore s'ils m'ont compris. Je leur ai dit qu'ils étaient en train de
            se libérer eux-mêmes en venant se battre avec nous ; que nous devenions frères, fils de la même civilisation et de la même idée... Des mots qui étaient tout petits à côté
            d'eux, de leur courage, de leur noblesse. " Georges Clemenceau
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            Le bataillon somali est formé à Majunga (Madagascar), le 11 mai 1916, avec des éléments recrutés en Côte française des Somalis. Rassemblés à Fréjus, le 10 juin 1916, les Somalis mettent sur
            pied une unité de marche, en octobre 1916, qui est rattachée au régiment d'infanterie coloniale du Maroc. Formant le troisième bataillon du RICM, les Somalis font une entrée en guerre remar-
            quée en participant à l'assaut sur le fort de Douaumont, le 24 octobre 1916. La reprise du fort a un retentissement considérable. Le drapeau du RICM est décoré de la croix de la Légion
            d'honneur et obtient sa troisième citation à l'ordre de l'armée (croix de guerre 1914-1916 avec 1 palme). Les 2e et 4e compagnies de Somalis, associées au RICM dans le texte de cette citation,
            reçoivent également la croix de guerre 1914-1916 avec une palme. En mai 1917, les Somalis prennent part à l'attaque du Chemin des Dames ; le bataillon obtient sa première citation, à l'ordre
            de la division (croix de guerre 1914-1917 avec une étoile d'argent). Le bataillon participe ensuite à la bataille de l'Aisne et remporte au sein du RICM la victoire de la Malmaison, le
            23 octobre 1917. Pour la première fois, le bataillon de tirailleurs somalis est cité à l'ordre de l'armée. En mai et juin 1918, les Somalis participent à la troisième bataille de l'Aisne au Mont-de-
            Choisy, et en juillet, à l'attaque de la Xe armée du général Mangin lors de la deuxième bataille de la Marne. En août et septembre 1918, le bataillon somali combat sur le front de l'Oise. En
            octobre, pour la deuxième fois, il est cité à l'ordre de l'armée. Avec cette citation, le 1er bataillon de tirailleurs somalis obtient le droit au port de la fourragère aux couleurs du ruban de la croix
            de guerre 1914-1918. Sur 2 434 tirailleurs recrutés en Côte des Somalis, 2 088 sont venus combattre en Europe : 517 sont morts pour la France. Quant au nombre des blessés, les chiffres connus
            varient entre 1 035 et 1 200.
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            Dans cette nouvelle forme de guerre totale qu'est la Grande Guerre, qui mobilise toutes les forces de la nation en premières lignes comme à l'arrière, près de 300 000 travailleurs sont recrutés
            aux colonies. Quant aux tirailleurs, plusieurs de leurs bataillons sont affectés à des travaux de manutention dans les ateliers travaillant pour la Guerre : poudreries, dépôts de chemin de fer…à
            Toulouse, Moulins, Sorgues, Toulon, Vénissieux ou Montluçon. D'autres Africains servent dans des bataillons dits d'étapes, unités qui, à proximité immédiate des premières lignes, sont
            chargées de l'entretien des voies et de l'acheminement des matériels, ou bien encore utilisées dans les formations sanitaires. Missions obscures mais vitales, sources de nombreuses pertes, pour
            lesquelles les Malgaches et les Indochinois prendront peu à peu le relais des Africains.
                                                       L’Armée Mangin juin 1918
                                                             par J. Ernotte
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