Page 1 - L'Armée sur les planches

« Sans tambour ni trompette nous quitterons la scène »

À quoi sert la musique ? À faire la guerre. Cette affirmation qui en étonnerait
plus d’un a pourtant été une réalité pendant des siècles, et ce, depuis l’Antiquité.
Présents sur les champs de bataille, les instruments de musique permettent de
transmettre les ordres aux soldats abasourdis par les cris et le fracas des armes. Puis,
c’est aux sons des buccins que les légions romaines victorieuses partent du Champ
de Mars, remontent la Via Triumphalis, puis la Via Sacra, pour atteindre le temple
de Jupiter Capitolin sous les acclamations du peuple de Rome.
Au Moyen-Âge, alors que le roi Charlemagne rentre d’Espagne pour
le royaume des Francs, l’arrière-garde est prise dans une embuscade au col de
Roncevaux. Roland, neveu du roi et comte des marches de Bretagne, fait résonner
son cor dont les accents pressants parviennent jusqu’aux oreilles du souverain. Pris
dans un combat inégal, les preux chevaliers tombent un à un sous les coups de leurs
assaillants. L’olifant de Roland redonne du courage à cette poignée de preux qui
se battent désespérément, pour l’honneur, contre les troupes du perfide Marsile,
émir de Saragosse. Au soir de la bataille, Roland reste seul, debout, l’épée à la main,
face à l’ennemi qui fuit, épouvanté par la bravoure de ce guerrier. Sentant la mort
approcher, Roland remet son âme à l’archange Saint Michel. Son olifant résonne
encore de nos jours quand le vent s’engouffre dans le col de Roncevaux.
Aujourd’hui, la musique est toujours présente. Si elle ne rythme plus le
quotidien du soldat du lever au coucher, elle structure les prises d’armes et les
cérémonies, annonce l’arrivée du général, la revue des troupes et salue le drapeau.
Enfin, c’est sur les rythmes martiaux des marches militaires que les soldats de
l’armée française défilent sur les Champs-Élysées devant des milliers de Français
qui honorent par leur présence ceux qui défendent la France ! La musique est ce
facteur de cohésion. On chante en marchant pour aider la troupe à maintenir le
pas, le chant soutient ainsi l’effort. Le soir, après une journée à s’être dépensé sans
compter, les voix s’unissent autour d’un feu ou d’un repas donnant à la nuit une
dimension chaleureuse.

« Demain est un autre jour, mais ce soir nous chantons ensemble. »