Page 26 - Force Noire
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Catalogue Force Noire 64p  30/07/07  10:41  Page 24





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            L Les marraines de guerre e
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                                   Pendant toute la Première Guerre mondiale, les contacts entre les soldats originaires d'Afrique cantonnés en métropole et les populations civiles françaises sont
                                   limités. Seuls les blessés et les convalescents soignés dans les hôpitaux trouvent des occasions de rencontres avec les civils, le personnel médical ou les citadins. De
                                   la même façon qu'avec les soldats métropolitains, des infirmières et des jeunes femmes françaises entretiennent des correspondances avec des tirailleurs : ce sont les
                                   " marraines de guerre ". Ces relations particulières, faites de cadeaux, de sorties, d'envois de photographies, entre certains tirailleurs et leurs marraines - ce qu'un
                                   membre de l'état-major appelle des " attendrissements regrettables " -, créent des liens nouveaux entre les Africains et les Français pendant les quatre années de
                                   guerre. Les marraines de guerre sont le thème de toute une iconographie populaire jouant sur la reconnaissance réciproque. Les
                                   images des soldats convalescents, entourés des attentions de jeunes infirmières ou au bras de jeunes femmes du monde, dépassent les
                                   fantasmes sur la " sauvagerie " des guerriers africains pour développer une vision, amicale certes, mais aussi paternaliste et
                                   stéréotypée. Parallèlement, l'image du Noir doté d'une sexualité débridée se développe, relayée par des sous-entendus grivois à
                                   propos des relations entre les tirailleurs et leurs marraines. La confusion a été entretenue avec les rencontres faites dans les maisons
                                   de tolérance et les BMC. Deux clichés se télescopent alors, celui de l'image de la " femme facile ", s'offrant au soldat de la France, et
                                   celui de l'homme noir, proche de la nature et donc incapable de dominer son propre corps et son instinct. Cette relation fantasmée
                                   homme noir/femme blanche reste, encore aujourd'hui, très présente dans les imaginaires en Occident.
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            L Les infirmières s
            Aux côtés des médecins et infirmiers des troupes coloniales, les infirmières se dévouent au secours des blessés. L'infirmière
            présentée appartient à la société de secours aux blessés militaires (SBM), association créée en 1866, qui avec deux autres sociétés -
            l'association des dames de France (ADF) et l'union des femmes françaises (UFF) - est à l'origine de la Croix-Rouge française. Ces
            sociétés prennent de l'importance à partir de la séparation de l'Église et de l'État en 1905 et le départ des congrégations religieuses qui
            fournissaient la plupart des infirmières. La SBM envoie une première équipe au Maroc dès 1907. Plusieurs dizaines de milliers
            servent au cours de la guerre de 1914 - 1918. Les infirmières tout de blanc vêtues et portant parfois la cape bleue sont présentes sur
            tous les fronts au cours de la Première Guerre mondiale et photographes et dessinateurs les montrent très souvent, notamment en
            compagnie des tirailleurs sénégalais.
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