Page 25 - L'Armée sur les planches
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à l’époque où « la peinture militaire est comme prédestinée à l’héroïsme » .
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       Empreint de réalisme photographique, ce tableau reflète les changements
       de la vie sociale militaire dans la mesure où le monde sous les armes
       devient universel, le service s’imposant à tous .
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       La Répétition :
               une œuvre riche de détails

               au sujet original « d’un grand effet »

           En 1885, lorsque le tableau est présenté au Salon, les critiques de
       l’époque donnent une appréciation favorable à l’œuvre d’Eugène Chaperon.
       Le voleur illustré se passionne ainsi pour le tableau dont il donne une
       lecture héroïque : « Sujet original et bien réalisé, traité avec beaucoup de
       maëstria. [...]Toutes les attitudes sont si vraies, toutes les physionomies sont
       si parlantes qu’il semble qu’on entend la fanfare enlever, au signal du chef, les
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       sublimes accents de la «Marseillaise» » . Le journal Gil Blas évoque, pour
       le 9 mai 1885, l’affluence devant la toile de Chaperon : « Toutes les salles
       étaient envahies par une foule de mondaines plus jolies les unes que les autres.
       « La Répétition », d’Eugène Chaperon, un tableau d’un grand effet, continue
       à obtenir le plus grand succès. Les groupes sont tellement compacts que c’est
       à peine si on peut arriver jusqu’à cette toile » .  Le tableau est une huile sur
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       toile qui mesure 2,12 m sur 1,34 m. Sa conception, vraisemblablement
       réalisée entre 1884 et 1885, reflète le caractère de documentation propre à
       Eugène Chaperon. La scène se passe très probablement « dans les combles
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       de l’hôtel des Invalides » selon Jules Richard  même si d’autres hypothèses
       ne peuvent être écartées. La scène, où une « bande  harmonique,  en
       bourgeron de toile de lin, dépourvue du prestige que donne l’uniforme, est
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       rangée autour du maestro » , révèle quelques subtilités uniformologiques
       liées aux récents changements apportés aux musiques militaires. En effet,
       depuis le 15 mars 1883, les chefs de musique  sont dotés d’un dolman
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       dont le collet comprend une baguette dentelée en or de 10 mm brodée en


       ( ) Robichon François, L’armée française vue par les peintres, 1870-1914, Paris, Herscher - ministère de la Défense, 1998, p. 18.
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       ( ) La loi du 15 juillet 1889 réorganise le service militaire qui est porté à trois ans, il devient réellement universel en 1905.
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       ( ) Anonyme, « Beaux-Arts, La répétition au régiment, tableau du Salon de 1885 par M. Chaperon », Le Voleur illustré
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             n° 1473, Paris, 24 septembre 1885, p. 618. L’illustration figure en pages 616 et 617.
       ( ) Gil Blas n° 2000, art.cit..
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       ( ) Richard Jules, Salon militaire de 1886.
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       ( ) Richard Jules, op.cit.
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       ( ) Les chefs de musique se distinguent en deux classes (1  et 2 ).
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