Page 29 - L'Armée sur les planches
P. 29

les bois à l’arrière-plan. En théorie, les musiques d’infanterie comprennent
       un chef de musique, un sous-chef et 38 musiciens  soit 40 hommes .
                                                         14
                                                                           15
       Parmi les objets divers qui parsèment la scène une partition permet
       d’approfondir cette étude.

       La Répétition
                   et « l’ouverture de Si j’étais roi ! »


           Le peintre, a laissé transparaître une partition (au centre) sur laquelle
       figure l’inscription « n° 39 Ouverture de Si j’étais roi ! » .
                                                          16
           Pourquoi cette partition se retrouve-t-elle en plein cœur du tableau ?
       La Répétition de la partition numérotée « n° 39 » renvoie très probablement
       vers  le  catalogue du chef de musique qui dispose réglementairement
                                    17
       d’un  répertoire de  partitions .  Ce  qui  nous intéresse  davantage  ici
       réside dans l’inscription « Ouverture de Si j’étais roi ». Opéra-comique, Si
       j’étais roi ! est une œuvre d’Adolphe Adam (1803-1856) datée de 1852 .
                                                                           18
       À cette époque, elle suscite l’émotion comme l’écrit Albert Soubies   :
                                                                          19
       « une réussite éclatante et durable, celle de Si j’étais roi ! d’Adolphe Adam ».
       Au regard de l’actualité musicale des années 1880, les transcriptions
       d’ouvertures – et plus généralement les œuvres de divertissement –
       prennent une ampleur nouvelle. Ce phénomène répond à un but éducatif
       où l’arrangement d’opéras ou d’opérettes est, comme le souligne Jérôme
       Cambon, indispensable à l’édification d’une culture commune. Ce dernier


       ( ) Article Premier du décret du 5 octobre 1872 et loi du 13 mars 1875. Chaque année, les régiments d’infanterie
       14
         bénéficient d’une somme de 7 000 francs pour l’entretien de leur musique. Cette somme est mise à la disposition du
         conseil d’administration du régiment qui en dispose librement. Charbonneau E., Recueil administratif à l’usage des corps
         de troupes de toutes armes, 4  édition, Charles Lavauzelle, Paris, 1885, pp. 269-276. La Garde républicaine comprend à
                         e
         l’époque 54 musiciens dont la masse annuelle d’entretien est de 30 000 francs.
       15
       ( ) Les instruments comprennent : 2 flûtes (une grande et une petite), 2 petites clarinettes, 4 grandes clarinettes,
         8 saxophones (2 sopranos, 2 altos, 2 ténors, 2 barytons), 2 cornets à pistons, 2 trompettes à cylindre, 3
         trombones, 2 saxhorns-contraltos si-bémol, 3 saxo-trombas-altos mi-bémol, 7 saxhorns (2 barytons si-bémol,
         3 basses si-bémol à quatre cylindres, 1 contre-basse mi-bémol, 1 contre-bassegrave si-bémol), une caisse claire
         ou roulante, une grosse caisse, et une paire de cymbales. La composition instrumentale est celle arrêtée par le
         décret du 26 mars 1860, page 78 (Art. I  du décr. du 5 octobre 1872, p. 614, Charbonneau E., op.cit., p. 272).
                                 er
       ( ) Un autre carton, posé au centre verticalement, laisse apparaître les termes « 66 [illisible] Galop Viennoise ».
       16
       ( ) Le chef de musique, selon l’article 40 de l’instruction ministérielle du 26 avril 1884 (inspections administratives), doit
       17
         tenir un catalogue des partitions et morceaux de musique.
       ( ) Cet opéra-comique raconte les aventures d’un jeune pêcheur nommé Zéphoris qui sauve une princesse de la noyade
       18
         et parvient à accéder au trône tout en démantelant les sombres projets d’un infâme ministre.
       ( ) Soubies Albert, Histoire du Théâtre-Lyrique, 1851-1870, Paris, Librairie Fiscbacher, 1899, pp. 6-10.
       19
       ( ) Cambon Jérôme, Les trompettes de la République : Harmonies et fanfares en Anjou sous la III  République, Rennes,
                                                                e
       20
         Presses universitaires de Rennes, 2011, pp. 243-299.
                                                                           27
   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34