Page 37 - Sur un air militaire
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                                    II - Instruments d’ici ou d’ailleurs

              L’histoire des formations musicales   différentes sortes de cornemuses, on
              militaires est marquée par l’apport de  dit que c’est un instrument protéiforme
              nouveaux instruments qui font suite à  car sa forme varie selon la culture
              l’évolution des méthodes de fabrication,  musicale du lieu où elle évolue), la
              ou à des influences régionales et   bombarde, qui est un instrument
              étrangères. Quelques-uns d’entre eux  d’origine orientale, apparu en France à
              sont intégrés dans la structure des   la suite des croisades vers le XII siècle,
                                                                           e
              formations, et sont donc adoptés par  auxquelles s’ajoutent des percussions,
              toutes les fanfares militaires, tandis  généralement le tambour. La musique
              que d’autres ne le sont pas et n’appa-  militaire de la Région Terre Nord-Ouest
              raissent que dans quelques ensembles.  (Rennes) et la fanfare de la 9 brigade
                                                                         e
              Ces distinctions donnent une identité  légère blindée d’infanterie de marine
              territoriale aux formations instrumen-  (Poitiers depuis l’été 2009) ont, dans
              tales. Dans une certaine mesure, elles  leur formation, des sonneurs voir un
              ont contribué à la sauvegarde de   Bagad.
              certaines d’entre elles. En effet, leurs
              particularités en font des ensembles  Le Sud-Est de la France est caractérisé
              très sollicités.                   par le Galoubet, sorte de petite flûte à
                                                 bec qui se tient d’une main, et qui est
              Le cor des Alpes est l’un des ancêtres  généralement associé à un petit
              de la grande famille des cors, avec les  tambourin provençal, joué de l’autre
              coquillages ou les cornes. A l’origine, il  main. Ils apparaissent dans la musique
              était utilisé par les bergers comme  des équipages de la Flotte de Toulon.
              moyen de communication entre les
              vallées alpines. Aujourd’hui, en plus  Les aventures coloniales ont également
              d’apparaître dans les ensembles de   été l’occasion d’enrichir les formations
              musiques traditionnelles, il est intégré  musicales militaires françaises.
              à la musique militaire, au sein de la  En effet, de nombreux instruments ont
              fanfare du 27 bataillon de chasseurs  été rapportés des différentes
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              alpins d’Annecy. Son répertoire est,  campagnes militaires. Toutefois, tous
              pour une part, constitué des appels  n’ont pas été intégrés aux formations.
              d’alpage, c’est-à-dire des signaux ayant  Seuls ceux ayant subi une réelle
              pour but d’ordonner un rassemblement,  influence et ceux s’étant avérés
              et pour une autre part, de pièces   utilisables par les formations françaises
              spécifiquement militaires. La musique  ont été adoptés. La Nouba du 1 régi-
                                                                          er
              de la Région Terre Sud-Est l’intègre  ment de tirailleurs, aujourd’hui basé à
              ponctuellement à sa formation.     Epinal, en est une parfaite illustration
                                                 d’acculturation. Les Noubas, formations
              Le bagadou, ou bagad est un ensemble  musicales des régiments nord-africains,
              musical constitué d’instruments    comprenaient une batterie (tambours,
              traditionnels d’origine celtique : la   clairons et basses) à laquelle venaient
              cornemuse biniou bras (il existe   s’ajouter des instruments locaux tels

              Gravure aquarellée de Georges Villard, représentant le défilé de la 2 e division d’infanterie marocaine
              à Ribeauville, vers 1945. (57×40 cm)
              Coll. Musée du Sous-Officier, inv. 2007.0.AQ 6
              La composition représente un défilé de la Nouba de la 2 e division d’infanterie marocaine à Ribeauville, en 1945,
              avec en tête, le bélier, mascotte de certaines unités nord-africaines. Cette tradition se maintient aujourd’hui
              au 1 er régiment de spahis de valence et au 1 er régiment de tirailleurs d’Epinal, dernier détenteur d’une Nouba.
              La gravure rappelle l’emprunt de traditions, notamment d’instruments de musique, aux territoires de l’Empire
              colonial français. Les tambours et la grosse caisse, en tête de défilé, sont recouverts d’une flamme verte frap-
              pée de l’étoile chérifienne. Un chapeau chinois se distingue au-dessus des soldats.
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