Page 38 - Sur un air militaire
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                 Gravure intitulée « La France et ses peuples coloniaux reconnaissants à leur marine et à leur armée »,
                 vers 1890. (80×59,6 cm)
                 Coll. Musée du Sous-Officier, inv. 2007.0.GRAV 26
                 Cette  gravure  présente  l’ensemble  des  unités  composant  les  armées  de  l’Empire  français  en  cette  fin  de
                 XIX e siècle. La diversité des uniformes et des types ethniques traduit bien son étendue. Au premier plan, un
                 tirailleur sénégalais, dans sa tenue apparaît la synthèse des armées coloniales (tenue de zouave, casque des
                 troupes coloniales). Il tient dans sa main droite un clairon, « renommée » militaire, propageant le message
                 civilisateur de la France.
                 que : la raïta, qui appartient à la famille  à un mot d’origine arabe évoquant les
                 des hautbois et qui produit un son   fêtes animées et bruyantes.
                 strident proche de la bombarde, des   Les instruments inadaptés aux forma-
                 percussions telles que le tebel, grand  tions musicales militaires françaises
                 tambour arabe, ou le bendir, sorte de  sont restés à l’état de souvenirs de
                 tambourin, et le chapeau chinois, ou  campagnes, témoins d’échanges
                 pavillon chinois (que l’on trouve   culturels avec la population locale des
                 également dans la fanfare de la Légion  territoires parcourus. Ces instruments
                 Etrangère), qui est un instrument   ne sont pas spécifiquement militaires.
                 issu de la musique turque et qui   Le fait qu’ils aient été rapportés par des
                 est constitué d’une longue perche   militaires français peut être le reflet
                 surmontée d’une pièce métallique   d’un rôle diplomatique de l’institution.
                 rappelant la forme d’un « chapeau   Ils évoquent la notion d’échange, de
                 chinois » auquel des clochettes et des  souvenir ou, au contraire, de trophées
                 grelots sont accrochés. Secoué en   emportés sur l’ennemi. En effet, pour
                 cadence, l’instrument est destiné à  ce qui est des instruments militaires,
                 donner de l’éclat aux morceaux de  capturer ceux de l’ennemi semble plus
                 marche. Il s’est implanté en Europe   être synonyme d’une prise de guerre,
                 Occidentale au XVIII siècle à la suite  d’un trophée, dans le sens où la
                                 e
                 des guerres contre l’Empire Ottoman.  musique est un élément symbolique de
                 La Nouba est donc un mélange d’instru-  l’institution, surtout en ce qui concerne
                 ments occidentaux et orientaux qui, à  les instruments d’ordonnance tels que
                 la première écoute, sonne faux compte  le tambour.
                 tenu des échelles musicales différentes,  Ces campagnes ont également
                 d’où son appellation, faisant référence  influencé les productions vocales civiles
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