Page 33 - L'Armée sur les planches
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Les officiers sont incités à s’y rendre. « Fréquenter le théâtre s’il en existe
       un dans votre garnison. Le prix de l’abonnement est souvent réduit pour les
       militaires. La dépense est donc relativement faible. En serait-il autrement
       qu’il vaudrait encore mieux vous délasser de la sorte, si vous n’êtes pas en
       veine de travail, qu’à boire des bocks et fumer des pipes au café, ce qui est
       l’une des pires distractions  ».
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       Le théâtre aux armées


           La guerre qui s’éternise fait naître l’idée d’amener le divertissement
       dans la zone des armées. Émile Fabre, administrateur général de la Comé-
       die-Française, reprenant l’idée du maréchal de Saxe qui égayait ses soldats
       par ce moyen, imagine le théâtre aux armées. La première séance a lieu
       le 9 février 1916. Au total, 1 200 représentations sont données devant des
       publics très nombreux. Les grandes vedettes du temps, Sarah Bernhardt
       ou Cécile Sorel, apportent leur concours. Des chanteurs et des danseuses
       de l’Opéra et de l’Opéra-comique se produisent ainsi que des artistes de
       variétés comme Théodore Botrel ou Mayol.




       Le théâtre des militaires

           Les militaires créent et jouent aussi des spectacles de leur cru.
           Avant 1914, la musique du régiment permet de monter un spectacle
       et des conscrits troussent une petite pièce, parfois en vers, interprétée
       par des  comédiens  et chanteurs  amateurs. Le  sujet est le  plus souvent
       patriotique avec des évocations, parfois satyriques, de la vie de l’unité, de
       ses officiers et des événements de l’année écoulée en restant bon enfant.
           Dès l’été 1915, sur le modèle du théâtre d’Inkerman qui, en août
       1855, donne plusieurs spectacles en Crimée , des revues sont mon-
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       tées par les troupes au repos, avec des artistes occasionnels entourant un
       chanteur mobilisé . Gagnés par l’ennui, les prisonniers de guerre montent
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       de même des soirées de divertissement, du type de celle que montre


       ( ) Capitaine Charles Romagny, Conseils pratiques au jeune officier sortant de Saint-Maixent, Saint-Maixent, Sardin, libraire-
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       éditeur, sd [1897], p. 69.
       ( ) Affiches manuscrites, disponibles sur Gallica.
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       ( ) Général Doreaux, « Notes et souvenirs sur le « théâtre aux armées » », Annales pour 1931, 1932, 1933 et 1934 de l’Académie
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        des Belles lettres, Sciences et Arts de La Rochelle, 1936, p. 8-9.
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