Page 39 - L'Armée sur les planches
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Musique et danse,
du champ de bataille
aux Champs-Élysées
Commandant Pitard-Bouet
(er)
Si l’étymologie du mot danse demeure incertaine, son existence
remonte aux temps les plus anciens. Dans son Traité élémentaire, théorique
et pratique de l’art de la danse, principes, guider le danseur, Carlos Blasis
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écrit que « depuis qu’il existe des hommes, il y a eu, sans doute, des chants
et des danses ; on a chanté et dansé depuis la création jusqu’à nous… »
Les premiers écrits témoignent du rôle que la danse occupait, un rôle
tridimensionnel : guerrier, religieux et social. Chacun garde en mémoire
le groupe de jeunes filles conduit par Nausicaa qui dansent autour
d’Ulysse dans l’Odyssée, les cosaques qui s’entraînent par des danses
guerrières avant d’aller au combat ou bien encore la dédicace religieuse
dans les sociétés amérindiennes. Pour autant, aujourd’hui, la civilisation
n’a quasiment conservé que l’aspect socio-culturel qui se distingue entre
les danses de salon et le répertoire artistique. La vision guerrière renvoie
dans l’inconscient collectif aux sociétés archaïques alors que deux siècles
plus tôt l’enseignement de la danse s’installait dans le monde militaire.
De cette réalité, totalement oubliée aujourd’hui, ne témoignent que peu
d’archives, ce qui rend difficile la lecture de ce que fut cet enseignement au
XIX siècle. Ces archives reposent essentiellement sur l’ouvrage d’Eugène
e
Giraudet, sur quelques documents, tels les brevets de professorat ou de
prévôt issus de l’administration ou bien des représentations picturales.
Avant d’aborder le programme d’enseignement, il est nécessaire de
comprendre comment se sont installées les conditions de cette pratique.
1
( ) Édition Joseph Beati et Antoine Tenenti, Milan, 1820.
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