Page 43 - L'Armée sur les planches
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d’avant-propos peut être lue comme une volonté de l’auteur de pérenniser
       dans l’urgence un pan de l’histoire qui va rapidement sombrer dans l’oubli.
           Cet enseignement du XIX  constitue donc une originalité de l’histoire
                                    e
       militaire française qui demeurerait originale si l’étude restait au niveau
       national. En effet, d’autres pays, reconnus pour leur valeur guerrière, ont
       conservé une tradition militaire de la danse. Ainsi les chœurs de l’armée
       Rouge conservent toujours aujourd’hui des danseurs qui transmettent un
       répertoire appartenant aux pas dits de caractère. De même des compagnies
       telles celles de Moisseiev ou de Virksy ont conservé une danse des cosaques
       (guerriers farouchement redoutés) ou celle des marins qui reprend la vie à
       bord des navires russes. Si Molière avait la conviction que « la danse et la
       musique sont deux arts qui ont une étroite liaison ensemble », en conservant
       des musiques militaires sans danseurs, la France a fait un autre choix.

                           Prix de danse,
                      caricature E.M.I.C.C.
       Lieutenant Paul-Henri Timpagnon (1905-1933)
                   Coll. MSO n°inv. 2017.5.25
       Les élèves-officiers sont passés maître dans l’art
                   de la caricature appelé aussi
          « crobard ». Ici, l’auteur de cette caricature
                dessine un lieutenant, encadrant
        les futurs officiers. Ces crobards ne peuvent se
        comprendre qu’au moment où ils sont dessinés
          et les clefs de lecture ne sont pas forcément
        évidentes. De taille impressionnante, dans sa
        grande tenue bleu ciel, le lieutenant Alliaume
          danse avec une toute petite femme que les
         talons de ses chaussures arrivent tout juste à
        hisser en dessous de son épaule. Il est possible
           que le lieutenant soit un piètre danseur si
        l’on admet que les fondations de la caricature
         reposent sur la moquerie et sur l’exagération
          des traits saillants de leurs contemporains
          ou de leurs chefs. De ce fait il pourrait être
           un bon danseur mais d’une grande taille,
                   d’où une légère exagération.
             Le lieutenant Timpagnon a réalisé de
           nombreuses caricatures des professeurs et
          officiers instructeurs alors qu’il était élève
       à Saint-Maixent-l’École, dans la promotion du
                Centenaire de l’Algérie Française
        (1929 – 1931). Lors de la bataille de Bougafer
          (février-mars 1933) menée contre le cheikh
               Assou Oubasslam, il est le premier
           de ses camarades de promotion à tomber
            au champ d’honneur le 25 février 1933
                    au Djebel Saghro (Maroc).
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