Page 42 - L'Armée sur les planches
P. 42
Les témoignages sur cet enseignement sont néanmoins peu nombreux,
excepté Eugène Giraudet qui dit à l’époque posséder les écrits de trois
maîtres de régiment : Frappa, Gentil et Réocreux. Les perturbations liées
à la Révolution ont eu pour conséquence que certains danseurs issus du
corps de ballet de l’Opéra royal s’engagèrent et formèrent les premiers
maîtres de danse, eux-mêmes disciples d’autres maîtres issus le plus
souvent de milieux modestes et ruraux. Cette articulation permet de
mieux saisir le programme d’enseignement. L’exigence technique est réelle
en reprenant le contenu technique de la danse classique académique. À
cette partie s’ajoute l’apprentissage
des pas dits de caractère, issus des
danses traditionnelles (gigue, gopak
russe…). Il en est de même pour les
chorégraphies où les dispositions
sont celles des danses traditionnelles :
ligne, cercle, carré, face à face…
à deux ou à trois. Blasis, en 1820,
recommandait aux danseurs du
genre comique d’étudier les « pas
de caractère » et nomme parmi
les danses de cette sorte les plus
appréciées à l’époque, telles que :
la provençale, le boléro, la tarentelle,
la russe… Cet enseignement est
passé à la pérennité aussi par un
ouvrage d’Albert Tété, maître de
Abrégé de cours de danse, Albert Têté, 1907.
Papier. Coll. MSO n°inv. ED 002103 ballet à l’École d’infanterie de Saint-
Petit opuscule de danse dont la date d’édition est Maixent.
porteuse de sens. En effet, 1907 est l’année où le Cette publication est riche d’en-
lieutenant-colonel Lavisse prend le commandement
de l’École militaire d’infanterie. Les programmes seignement car elle est concomitante
changent ainsi du tout au tout du congrès international de la danse
et l’on entreprend de former des officiers
et non plus des « super sous-officiers ». Ce faisant, à Rome (juillet 1906) durant laquelle
les cadres traitent les élèves comme les officiers qu’ils le président déplore la disparition de
seront dans moins d’un an.
À partir de là, de façon symbolique, l’enseignement de la danse dans les
ils défilent en sabre et non plus en fusil. armées françaises. Particulièrement
sobre, elle se concentre sur la description technique, avec toutes les diffi-
cultés que cela présente d’écrire la danse, d’un certain nombre de pas qui
se situent au carrefour de la danse de caractère et du folklore. L’absence
40